la migration dans un contexte de fascisation des sociétés
Sophie Djigo , Bastien Deschamps
« Le dos de Youssef ressemble à une photographie aérienne de la vallée de l’Evros. On y aperçoit les sillons gravés par les violents refoulements à la frontière, les traces de coups qui érodent la chair, creusent comme des gorges plus sombres à même la peau. » Sophie Djigo
Photographie & philosophie
Sophie Djigo est philosophe de terrain. Rattrapée par l’actualité de la frontière franco-britannique, non loin de laquelle elle enseigne la philosophie, elle mène des enquêtes auprès de personnes en exil, à Calais, Londres mais aussi Paris – La Chapelle et Bruxelles.
Bastien Deschamps est un photographe itinérant. Depuis 2015, il a pris la route et se consacre à la photographie à plein temps. Il revendique sa pratique de la photographie comme une géopoétique en abordant les questions sociales à travers le prisme du sentiment brut.
À travers leurs mots et leurs images, Sophie Djigo et Bastien Deschamps, nous offrent un aperçu de ce qui se joue aux frontières de l’Europe en concentrant leur regard le long du fleuve Evros qui sépare la Turquie et la Grèce. Ils nous invitent ensemble à penser avec la frontière. Traverser le fleuve revient alors à éprouver les nuances plus fines de la réalité aux frontières, où se noue toute une série de paradoxes, dont la philosophie tente de rendre compte en réajustant la pensée au réel.
Bastien Deschamps est un photographe né à Paris en 1990. Après avoir travaillé comme ingénieur du son, éclairagiste et régisseur de salle, il décide en 2015 de prendre la route et de se consacrer à la photographie à plein temps. Il a principalement voyagé à travers la Russie (il a passé deux hivers en Sibérie), la Chine, le Japon, l'Inde, le Moyen-Orient et les États-Unis.
En 2018, il a obtenu une bourse du Wall Street Journal pour étudier à l'International Center of Photography (ICP) et a été diplômé du programme de pratique documentaire et de journalisme visuel en 2019.
Depuis, il se consacre à ses projets personnels, partageant son temps entre le travail documentaire d'auteur, la photographie existentielle et la fabrication de livres. Il revendique sa pratique de la photographie comme une géopoétique. Pas vraiment dans un sens universaliste comme l'a théorisé Kenneth White, mais plutôt en abordant les questions sociales à travers le prisme des sentiments bruts. Traiter des préoccupations sociétales avec la sensibilité et l'approche photographique d'un auteur. Utiliser les outils du journalisme ou de l'anthropologie (interview, immersion longue, recueil de témoignages, etc.) pour en faire une invitation à l'exploration et à la rencontre.
Le fleuve Evros sépare la Grèce de la Turquie. Cette région a toujours été un carrefour culturel, le point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Aujourd’hui, elle se trouve de nouveau à un carrefour. C’est l’une des principales portes d’entrée pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe. Des milliers d’entre eux essaient encore de traverser chaque année, dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Livre relié avec une couture japonaise, 32 pages, comprenant 20 impressions jet d'encre pigmentaire. Ils ont tenté de traverser vers l'Europe une fois, deux fois, parfois dix fois. Ils se retrouvaient toujours repoussés par les autorités grecques. Dix portraits. Dix témoignages.
Livre Leporello double-face avec couverture rigide, 29 impressions pigmentées et 20 impressions jet d'encre pigmentaire. Saki est un pêcheur grec vivant dans le delta de l’Evros. Il fait également partie de la surveillance frontalière informelle. Lusi est un agriculteur turc reconverti en passeur, offrant ses services aux migrants et réfugiés tentant de traverser la frontière. Ils vivent à moins de 10 kilomètres l’un de l’autre, chacun de son côté du fleuve.
Livre relié avec une couture japonaise, textes dactylographiés, 29 impressions jet d'encre pigmentaire. Ithaque du poète grec Constantin Cavafy. Depuis l’Odyssée d’Homère, Ithaque symbolise la destination d’un long voyage, l’objectif suprême que chaque homme cherche à atteindre, la douce patrie, la sérénité et la satisfaction éternelles. Une fois le fleuve Evros traversé, le voyage est loin d’être terminé. Il faut traverser la Jungle. C’est ainsi que les réfugiés appellent les montagnes couvertes de forêts de cette région. C’est un voyage dur et long, entre deux et trois semaines à pied. Des traces de leur passage.
Zine à couverture souple, 25 photographies. L’hôtel Almeria est situé à Edirne, en Turquie, à quelques kilomètres de la frontière. Avant sa fermeture fin 2020, il était le point de chute de nombreux migrants entre deux tentatives de rejoindre l’Europe. Un lieu pour se regrouper et panser leurs blessures. Un lieu de suspension, de projets fous et de rêves brisés.
Dossier contenant 66 photographies. Chaque année, des dizaines de corps de migrants sont retrouvés dans le fleuve Evros. Étant donné l’état des dépouilles, toute identification visuelle est généralement impossible. À la place, leurs effets personnels sont récupérés et catalogués dans l’espoir qu’un proche puisse y accéder et reconnaître un des objets. Cela aboutit rarement. Le plus souvent, un autre sac zippé vient s’ajouter aux boîtes qui s’entassent dans le bureau du médecin légiste.
The Game, comme l’appellent les migrants, désigne chaque tentative de traverser la frontière et de rejoindre l’Europe. Une carte imprimée en linogravure de la région de l’Evros et de la Jungle, les forêts grecques qui ont pris une aura mythique pour ceux qui tentent de les traverser à pied.
Livre photographique unique. Il contient un corpus de 21 poèmes dactylographiés et de 22 cyanotypes originaux tonifiés. Étui personnalisé. Édition de 7 + 2 épreuves d'artiste.
Sophie Djigo est une philosophe engagée, professeure de philosophie en Première Supérieure et chercheure affiliée au laboratoire STL (Savoirs, Textes, Langage) à Lille ainsi qu’à l’Institut Convergences Migrations. Spécialiste des questions migratoires, elle s’impose comme une philosophe de terrain en menant des enquêtes approfondies auprès des personnes en exil à Calais, Londres, Paris-La Chapelle, et Bruxelles.
Ses recherches explorent la condition migrante, les politiques migratoires françaises et européennes, ainsi que les différentes formes d’hospitalité. Militante, elle a fondé en 2018 le collectif citoyen Migraction59, dédié à l’accueil et au soutien des personnes migrantes.
Plus récemment, ses travaux se sont concentrés sur les liens entre les questions migratoires et la politisation des quartiers populaires, soulignant l’urgence d’une réflexion critique sur les dynamiques sociales et politiques à l’œuvre dans ces contextes.
Rattrapée par l’actualité de la frontière franco-britannique, non loin de laquelle elle enseigne, Sophie Djigo conjugue réflexion philosophique, engagement militant et observations empiriques pour interroger les enjeux contemporains de la migration et de l’hospitalité.
Gestalt-thérapeute formé à l'EPG, sexologue, formateur et superviseur agréé par l’EPG. Laurent intervient dans les permanences de santé sexuelle au sein de l’association Aides auprès, entre autre, de publics migrants, de TDS (travailleurs et travailleuses du sexe) et des publics LGBTQI+. Il codirige aussi l’ESOG (l’Ecole de Sexothérapie à orientation gestaltiste) et anime à l’étranger des formations pour les thérapeutes, les psychologues, psychiatres et médecins, sur les difficultés sexuelles et l’accompagnement de victimes des violences sexuelles.
Animation d'un atelier d’écriture pour remplacer un groupe de parole / service d'oncologie - Institut CURIE
Consultations en sexologie hebdomadaires et animation occasionnelle de groupes de travail sur la sexualité / AIDES
Son parcours professionnel est un chemin fait d’expériences variées, marquantes et singulières. Elle a débuté comme chasseuse de tête, guidée par l’envie de rencontres et d’analyse de profils. Elle y a développé une qualité d’écoute et d’adaptabilité qui se sont avérées précieuses lors de sa fonction d’attachée parlementaire, où elle a pu vivre de près la complexité des enjeux politiques.
Guidée par une forte envie de transmission, elle a exercé plusieurs années comme enseignante de lettres et d’histoire, jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par le choix plus impérieux encore, d’une carrière artistique, en tant que comédienne/metteuse en scène, scénariste et photographe.
Chacune de ces expériences lui a permis de se familiariser avec des univers très différents, tout en forgeant sa créativité, sa capacité de gestion de projets, multipliant alors, parallèlement, des missions de conceptrice-rédactrice free-lance, avant d’exercer comme responsable communication et marketing (notamment pendant 7 ans à l’EPG).
Aujourd’hui, elle entame une autre reconversion professionnelle qui la conduit à se former en gestion de crise, ainsi qu’en prévention des risques psycho-sociaux (RPS) et qualité de vie et conditions de travail (QVCT).