bien choisir sa formation en Gestalt-thérapie
BIEN
CHOISIR
SA
FORMATION
EN
GESTALT-THÉRAPIE

 

Le premier institut de gestalt-thérapie a vu le jour en 1952 à New York sous l’impulsion de Fritz et Laura Perls. C’est un peu plus tard, en 1981, que la Gestalt s’est implantée en France, avec la création de l’EPG par Serge Ginger. Depuis, cette pratique a essaimé dans le monde et sur le territoire national. Aujourd’hui, en France, pas moins de huit écoles proposent des formations, certaines universités offrent des sensibilisations à la Gestalt et sur le net pullulent des propositions pour devenir gestalt-thérapeute en quelques jours.

Le parcours pour devenir psychologue ou psychiatre est réglementé par l'État et la faculté donne un chemin tout tracé. Celui qui vous amène à devenir gestalt-thérapeute est pour l’instant hors du cadre réglementé et demande par conséquent une vigilance accrue. La personne qui souhaite se former se trouve donc face à un enjeu de taille : Quelle formation ? Avec quelle école ?

Le but de cet article est de vous donner des repères clairs et précis pour choisir votre école car se lancer dans une reconversion professionnelle et embrasser une vocation qui consiste à aider l’autre est une affaire trop sérieuse pour la laisser entre les mains de n’importe qui.

Pourquoi suivre une formation en gestalt-thérapie ?

La première raison est souvent liée à une rencontre. Il est fréquent qu’un ou qu’une thérapeute nous ait marqué, qu’un ami nous ait parlé de sa formation ou encore que les propos lus ou entendus lors d’une lecture, d’une conférence, ou d’une vidéo nous aient saisis sous la forme d’un « Tiens ! C’est intéressant ce truc-là… ça me parle… »

La deuxième raison de se lancer dans une formation en gestalt-thérapie est, me semble-t-il, le désir d’accompagner l’autre sans avoir envie de repasser par les bancs de l’université et de l’enseignement académique. Ceci n’empêche pas de nombreux psychologues ou psychiatres de revendiquer la gestalt-thérapie dans leur posture. Les deux ne sont pas incompatibles mais il est concevable qu’un parcours d’étude puisse se faire autrement que sur les bancs de la faculté.

La dernière raison est de chercher une posture qui s’inscrit plus dans un courant humaniste et qui nous permet de considérer la personne qui « consulte » avec un regard différent que des thérapies plus classiques.

L’envie est là, c’est très bien, mais il convient maintenant de ne pas aller n’importe où et de faire n’importe quoi. Regardons ensemble, les points importants auxquels il convient de s’intéresser si vous avez le désir de suivre une formation pour devenir gestalt-thérapeute.  

Critères pour bien choisir sa formation en Gestalt-thérapie

De la théorie et de la pratique

Le premier point concerne ce que vous devez apprendre dans une formation à la Gestalt, et comment l’apprendre. Il est indispensable que votre formation vous apporte :

  • Des connaissances, un savoir et cela passe par les bases théoriques de la Gestalt qui sont nombreuses et qui déplient largement les concepts de Self, de champ et d’existentialisme.
  • Des compétences, un savoir-faire et vous trouverez cette dimension à travers l’aspect didactique d’une formation qui vous offrira des espaces pour expliquer, éclaircir des processus thérapeutiques mis en œuvre durant les modules. En vivant des séquences de travail thérapeutique, des entraînements à accompagner l’autre qui sont ensuite expliqués, décortiqués par vos formateurs, vous apprenez les bases du métier de gestalt-thérapeute.
  • Une attitude, un savoir-être inhérent au métier de gestalt-thérapeute que vous visez qui consiste en un travail approfondi sur vous-mêmes pour accompagner au mieux les personnes qui pousseront la porte de votre cabinet.
  • Et que tout cela vous soit transmis par une pédagogie vivante et dynamique qui s’appuie sur l’expérience. Vous construirez votre compréhension de la Gestalt en la vivant à travers de nombreuses mises en situation et expérimentations. 

En présence ou en visio ?

L’utilisation de la visio est entrée dans nos vies privées et professionnelles depuis la période de la COVID. Elle est un outil qui élargit nos possibilités d’intervention en abolissant les distances et nous permet d’être là où on ne peut se rendre. Toutefois, il me semble difficile de faire de la visio un outil à privilégier pour l'acquisition d'une posture gestaltiste lors de sa formation.

Proposer une formation essentiellement en visio a 3 conséquences :

  • Je peux me former où que je sois, à mon rythme, quand j’en ai envie. C’est un outil très pratique, fluide. La visio a d’ailleurs été un support indispensable pendant la période de COVID puisqu’elle a permis d’assurer la continuité pédagogique pour des centres de formation qui ont eu la réactivité et la souplesse d’adapter leur pédagogie à l’enseignement à distance, mais pour une durée limitée.
  • J’apprends la pratique par la visio, puisque c’est par ce canal que cela m’est enseigné et que je l’éprouve. Tout ce que je vais expérimenter lors de la formation se fera entièrement ou essentiellement en visio. Je ne pourrai donc l’appliquer que pour des situations en visio et serai un thérapeute formé à n’accompagner qu’en distance et pas en présence. [1]
  • Enfin, n’accompagner qu’en distance me fera passer à côté d’une dimension importante de la Gestalt qu’est l’holisme, concept élaboré par J.C. Smuts, qui postule que le tout est supérieur à la somme des parties, que le tout est indivisible. En séance, cela veut dire que je m’occupe d’une personne dans l’entièreté de son être et que son esprit autant que son corps sont des éléments à prendre en compte. N’avoir qu’un visage et le haut d’un buste en deux dimensions face à soi ne permet pas ce regard propre au gestalt-thérapeute. La dimension corporelle de l’accompagnement, même si elle n’est pas absente en visio est donc assez limitée. 

La durée et le temps 

Ces deux notions ne peuvent aller l’une sans l’autre.

On ne peut former de manière rapide à la gestalt-thérapie. À titre d’exemple, les psychologues mettent au moins cinq ans à se former, les psychiatres dix. Même si ces différents métiers ont des prérogatives qui ne sont pas les nôtres comme notamment établir des diagnostics, prescrire des médicaments, faire passer des tests il n’en demeure pas moins que l’on ne peut prendre la responsabilité de se retrouver insuffisamment formé face à une personne qui nous fait confiance pour la soutenir dans ce qu’elle vit ou, pire, qui nous parle de ses envies de mourir.

Faire le métier de gestalt-thérapeute implique de grandes responsabilités qui s’acquièrent au cours d’un parcours qui prend du temps.

  • La durée est notre perception subjective du temps, la sensation que ça ne va pas assez vite et il est normal quand nous commençons une reconversion professionnelle, lorsque nous épousons tardivement une vocation d’être pressé, de trouver que « ça prend trop de temps ». Pourtant, le temps d’assimilation, c’est-à-dire le processus qui consiste à intégrer dans la mémoire à long terme une compétence, une connaissance, une attitude, prend du temps. En Gestalt, nous parlons de la nécessité du post contact après chaque phase d’apprentissage. C’est un temps où nous digérons l’expérience. Il est différent pour chacun d’entre nous mais il a de commun qu’il ne peut être rapide.
  • Le temps est cette donnée quantifiable, objective. Pour une formation à la gestalt-thérapie dans laquelle il est nécessaire d’avoir fait un travail conséquent sur soi, d’acquérir des concepts nouveaux, de les appliquer afin de former votre posture thérapeutique propre, de se spécialiser dans certains domaines, de connaître les bases de la psychopathologie et de s’entraîner à accompagner l’autre, l’idée que l’on puisse se former en quelques mois ou une année et demie est tout simplement impossible et dangereuse. On ne peut accueillir la détresse de l’autre que solidement préparé. Environ 500 heures de formation (environ 70 jours) qui se répartissent au moins sur 3 années forment un bon socle de départ pour commencer à recevoir des personnes et continuer à se professionnaliser. Si ce temps vous effraie, c’est que sans doute, il est opportun de regarder vers un autre métier.

Une école ouverte sur le monde

Le nouvel élément sur lequel on ne peut faire l’impasse dans le choix de votre école est un critère d’ouverture. Cette formation que vous souhaitez entreprendre, elle ne doit pas s’effectuer dans une école qui est seule dans son coin. Il est nécessaire que votre école collabore :

  • Avec les autres instituts de Gestalt. Il existe un « manifeste du collectif des 7 » qui rassemble 7 écoles de Gestalt. Ce regroupement est le résultat d’un long travail de collaboration, de réflexion éthique et déontologique et de mise en commun des compétences de ce qui fait un bon gestalt-thérapeute. Malgré des orientations différentes, les écoles qui appartiennent au manifeste du collectif des 7 partagent donc un socle commun de valeurs qui vous garantissent une formation de qualité.
  • Avec les représentants de la Gestalt nationaux et internationaux, c’est-à-dire l’EAGT (European Association for Gestalt-therapy), l’EAP (European Association for psychotherapy), la FF2P (Fédération française de psychanalyse et de psychothérapie) et avec au moins une société savante comme la SFG (société française de Gestalt), le CEG-t  (Collège européen de Gestalt-thérapie) ou la FPGT (Fédération professionnelle de gestalt-thérapie). Ce sont ces instances qui régulent le métier en vous permettant d’obtenir notamment le CEP (certificat européen de psychothérapie, le seul certificat qui compte pour les praticiens de la thérapie hors du cadre réglementé) et en vous protégeant ou vous sanctionnant, si vous avez commis des erreurs, dans l’exercice de votre métier.
  • À partir d’un code de déontologie partagé par le monde de la Gestalt et auquel les écoles se soumettent en même temps qu’elles en transmettent les notions clés à leurs étudiants. Fonctionner sur un code de déontologie fermé, qui n’appartient qu’à une seule école n’a aucun sens, un peu à l’image d’un petit groupe de personnes qui ne ferait des règles que pour lui-même.
  • Avec des personnes extérieures à la Gestalt : universitaires, chercheurs, sociologues, médecins… qui apportent un regard dont la Gestalt peut se nourrir autant qu’elle peut nourrir le monde. Participer à des thèses où des étudiants travaillent sur la Gestalt au sein de la faculté est un bon exemple de ce qui peut se faire.
  • Dans des secteurs comme le milieu du soin ou social qui sont des champs d’action propres à l’exercice du métier de gestalt-thérapeute. Des partenariats avec des acteurs du secteur social est par exemple un bon indice d’ouverture de l’école.
  • Avec l’état à partir de la certification Qualiopi.

Une école qui ne sacrifierait pas à l’exigence de ces critères-là serait à fuir car elle vous proposerait à coup sûr d’entrer dans un univers fermé, clanique d’où l’on ne sort que difficilement et où on y vit le désagréable de l’enchevêtrement, de la confusion et de l’emprise à plus ou moins grande échelle.

Découvrez : les accréditation et certifications de l’EPG-Gestalt

Les témoignages des stagiaires, anciens ou en cours de formation

Il est toujours intéressant d’écouter ce que d’autres personnes disent de l’école dans laquelle vous vous préparez à commencer une formation de gestalt-thérapeute. Pour cela, il existe plusieurs modalités :

  • Les vidéos promotionnelles où des stagiaires s’expriment sur leur parcours et que vous trouvez en général sur le site des écoles. Je vous invite à regarder ces vidéos comme des expériences singulières qui sont partagées. Vous ne vivrez pas la même chose que ce qui est raconté, ce sera votre expérience à vous que vous construirez au fur et à mesure de votre parcours. Ces vidéos sont intéressantes mais regardez ces interviews comme des partages qui parlent plus de ceux qui sont interviewés que de l’école qu’ils évoquent.
  • Les stagiaires en cours de formation qui vous parlent de leur école. En général, les discours qui viennent par ce canal-là sont rarement nuancés. Ou bien vous allez rencontrer des gens très enthousiastes, motivés ou bien critiques. C’est tout à fait normal de vouloir partager le bon ou de vouloir éloigner du mauvais, tout cela n’étant là-encore que des expériences proprement singulières. Un discours nuancé sera donc à écouter avec beaucoup d’intérêt, il reflètera un certain recul de la personne qui partage avec vous son expérience. En revanche, je vous invite à une certaine méfiance vis-à-vis d’élèves en cours de formation (ou d’anciens élèves) qui vous pousseraient à intégrer l’école où ils étudient. Qu’ils vous parlent de leur formation est normal, surtout s’ils en sont satisfaits. Qu’ils vous y poussent, qu’ils soient financièrement intéressés à ce que vous commenciez dans leur école ou qu’ils insistent invite là aussi à la méfiance. Retenez bien qu’aucune école de Gestalt sérieuse n’aura une démarche prosélyte ou insistante par le biais d’un marketing agressif qui consiste à vous rappeler sans cesse dès lors que vous avez pris contact avec eux. Quel exemple d’éthique cela donnerait au gestalt-thérapeute en devenir !
  • Le fameux bouche-à-oreille qui est le résultat d’une réputation solide.  N’hésitez pas à demander auprès des personnes qui connaissent l’univers de la psychothérapie ce qu’elles pensent de telle ou telle école, de montrer le site, de parler des modules proposés, du temps de formation, de rencontrer d’anciens stagiaires…

Se faire sa propre idée sur une école de Gestalt-thérapie

L’étape suivante est de se faire sa propre idée. De nombreuses écoles proposent des journées découvertes durant lesquelles vous allez expérimenter la Gestalt, poser toutes les questions que vous avez à l’esprit et découvrir les aspects pratiques de la formation que cette école propose. N’hésitez pas à interroger votre interlocuteur, à vous appuyer sur ce qui est écrit ici pour vérifier que l’école qui vous ouvre ses portes soit une institution pédagogiquement solide.

L’EPG vous accueille dans ses journées découvertes. Vous aurez tout le loisir de vérifier que les aspects développés dans cet article font écho au projet de l’école et que vous vous sentez à l’aise dans l’expérience proposée. Si cela n’était pas le cas, vous auriez le loisir de cheminer vers d’autres écoles, de faire d’autres rencontres et de vous appuyer sur les critères développés dans cet article pour ne pas vous perdre. Ce qui importe finalement c’est que vous trouviez votre chemin, en sécurité. 

Inscrivez-vous à notre prochaine session d'information sur la Gestalt-thérapie

Pour terminer

Les critères qui vont constituer une bonne école qui forme à la gestalt-thérapie sont nombreux et divers. Il est d’autant plus important de les connaître que lorsque vous arrivez dans cet univers qui n’est pas encore assez réglementé, vous trouvez de tout.

Une chose me semble indispensable au métier de gestalt-thérapeute et c’est ce que j’ai voulu vous montrer dans cet article. Il est important que votre école incarne ce qu’elle vous enseigne, de même que vous incarnerez auprès de vos futurs clients les propos que vous tiendrez dans la thérapie. Une formation est modélisante et je pourrais appliquer au choix de votre thérapeute, les mêmes critères que j’ai développés ci-dessus au choix d’une bonne école.

J’espère donc que vous serez à votre tour des thérapeutes avec de bonnes connaissances, de bonnes compétences, et une posture solide, des thérapeutes incarnés et présents, des thérapeutes patients avec leurs clients, des thérapeutes ouverts sur le monde et collaborant avec les acteurs du soin autour de lui, enfin, des thérapeutes à l’éthique en congruence avec les valeurs humanistes. 

Prêt.e à rejoindre une formation certifiante ? Contactez-nous pour un entretien d’orientation

  1. [1] Il est à noter qu’un thérapeute qui a une bonne expérience de l’accompagnement en gestalt n’aura sans doute pas beaucoup de difficultés, s’il le souhaite, à transposer des séances de la présence à la visio. Maîtriser la totalité d’une discipline permet d’en épouser les variations. La thérapie est jusqu’à présent une pratique en direct et en présence. Travailler en visio, par mail ou par sms n’en sont pour l’instant que des variations qui peuvent être efficaces si on a assez d’expérience et de maîtrise dans la conduite d’un processus thérapeutique.

  • Article créé le 18/02/2025
  • Mis à jour le 18/02/2025 à 15h02

À PROPOS DE L'AUTEUR

Portrait de Laurent Biscarrat

Laurent Biscarrat

Gestalt-thérapeute, sexologue, sexothérapeute, formateur, superviseur

Gestalt-thérapeute formé à l'EPG, sexologue, formateur et superviseur agréé par l’EPG. Laurent intervient dans les permanences de santé sexuelle au sein de l’association Aides auprès, entre autre, de publics migrants, de TDS (travailleurs et travailleuses du sexe) et des publics LGBTQI+. Il codirige aussi l’ESOG (l’Ecole de Sexothérapie à orientation gestaltiste) et anime à l’étranger des formations pour les thérapeutes, les psychologues, psychiatres et médecins, sur les difficultés sexuelles et l’accompagnement de victimes des violences sexuelles.

  • Animation d'un atelier d’écriture pour remplacer un groupe de parole / service d'oncologie - Institut CURIE
  • Consultations en sexologie hebdomadaires et animation occasionnelle de groupes de travail sur la sexualité / AIDES

FORMATION

  • Certificat européen de Psychothérapie - CEP
  • Certificat de gestalt-thérapeute / École Parisienne de Gestalt
  • Formation de sexologue à l’ESOG
  • Formation et supervision à la DGS de Pink Therapy (diversité de genre etde sexualité) de Dominic Davies

BIBLIOGRAPHIE

ARTICLES

C'est de la dentelle..., Revue Gestalt, 2023/1, n°60, pages 11 à 21

Instants de délicatesse, Revue Gestalt, 2023/1, n°60, pages 83 à 84

Si j'existe, je meurs - le courage d'être soi dans un environnement hostileRevue Gestalt, 2018, n°52, pages 59 à 71

La thérapie hors les murs - Quand le thérapeute sort de son cabinet, Revue Gestalt, 2020, n°55, pages 59 à 73

AUTRES BILLETS DE BLOG

LIENS EXTERNES